Au fil de l’eau…
Le député Patrick Vignal, son attaché parlementaire, les deux présidents des Comités de quartier des deux rives du Lez, Madame Imbert directrice du Muc, deux journalistes du quotidien gratuit de Montpellier et d’autres Présidents d’associations glissent en pagayant sur le coup des 10 heures du matin ce 23 mai 2013 sur l’onde limpide du Lez à Lavalette.
Ils sont accompagnés par Franck Moniteur du Muc et Charlène championne de France de cette spécialité qui dirigent la descente lorsque les pissières des moulins aujourd’hui disparus surgissent au détour des grandes courbes ombragées où filtre un pâle soleil. L’eau est froide et le fond de l’air alimenté par un léger vent du Nord nous incite à souquer ferme.
Les 6 canoés kayak bleus fendent l’eau rapidement dans les biefs d’eau profonde et mis à part deux retournements dans les rapides nous atteignons sans autre embûche la Réserve Rimbaud où est prévu aux environs des 11 heures une petite collation suivie d’un point Presse sur la terrasse de l’établissement où nous accueille Charles Fontès.
Madame la Conseillère Générale du Canton nous y a rejoint ainsi que deux autres journalistes dont la représentante du Midi-Libre et celle de l’Héraut du jour. D’autres envoyés d’associations diverses et variées ont également fait le déplacement jusqu’au restaurant et engagent les conversations sur ce Lez et ce qu’il convient de faire de cette agréable rivière rescapée d’un autre temps et perdue au milieu d’une urbanité tumultueuse où s’affrontent les idées et les ambitions. Quelques pages remplies de nos lignes sur notre vision du Lez authentique et sauvage pour le Montpellier de demain ont été au préalable distribuées par Catherine Tarrit et Philippe Mevel pour aider à la communication de notre concept. Monsieur Roumégas est absent car retenu par des obligations…
Notre Député clôture cette matinée de partage d’idée en confirmant la thèse d’une rivière exceptionnelle qu’il faut coûte que coûte protéger et sortir de l’emprise d’une certaine ZAC dont le décalage subtil et inattendu a troublé le timide clapotis de l’onde le long des berges par un bien vilain remous.
Nous terminons cette matinée devant l’hôtel de région aux environs de 13 h 15 et débarquons en bordure de la voie sur berges où nous chargeons les canoés derrière le fourgon qui nous ramène vers Lavalette.
Petite conclusion :
L’idée de laisser le Lez tel qu’il est n’est pas une utopie, puisque nous rencontrons de plus en plus de personnes qui pensent comme nous. C’est le cas du Président du nouveau Comité de quartier des Aubes mais aussi d’autres que nous avons rencontrés. Il nous reste donc à utiliser à fond notre pouvoir de conviction et d’imprégnation de ceux qui ne pensent pas comme nous.
En tous cas cette notion d’un Lez intact et authentique va faire son chemin…
Le petit baigneur…
Des arbres entre le ciel et l'eau...
Il était une fois le Lez…
Le tout dernier maillon urbain de Lez authentique et naturel est, si nous n’y prenons pas garde, sur le point de disparaître.
L’ultime portion de ripisylve originelle est en effet menacée par des projets dont la mise en place altérera irréversiblement cet écosystème incroyablement préservé malgré l’urbanisation qui ne s’en est approchée que très récemment (années 50). Ce lieu magique est en lien avec l’histoire de la ville dans une relation de méfiance des lézades, fulgurances hydrologiques dues aux épisodes pluvieux cévenols, mais aussi dans une admiration pacifiée par la beauté du miroir des eaux, fenêtre ouverte sur une diversité insoupçonnée dans ces espaces discrets de garrigues. Le Lez a ainsi progressivement acquis une dimension culturelle avec des peintres impressionnistes, des poètes romantiques, avec Jean Moulin…L’habitat doux, pavillonnaire, qui en a résulté, a permis la conservation de son authenticité. Et voici que plus récemment, une partie des berges de notre fleuve ont été le siège d’une urbanisation plus fortement densifiée. A l’anthropisation consubstantielle à une occupation de masse, se sont ajoutées une implantation politique (Conseil Régional, Marie de Montpellier) ainsi qu’une exploitation ludique du plan d’eau (Maison du Lez, FISE, pêche, canoë, optimist, pique-nique…) aujourd’hui principalement constitué des eaux du bas-Rhône en période d’étiage.
Aujourd’hui moins de deux kilomètres de berges encore partiellement « sauvages » sont préservées entre les interstices du tissu urbain riverain (entre les ponts de la Concorde et du moulin de l’évêque). Cette dimension peut-elle être préservée ? Le Lez se meurt de tant de convoitises…
Les riverains du Lez à travers de l’association « Conservons le Lez de Corot » préconisent un classement de ce secteur par la Ville de Montpellier. Ce classement assurera la coexistence de toutes les dimensions du Lez au long de sa traversée de la ville. Il s’agirait d’une démarche qui assurera une richesse patrimoniale unique en France à l’échelle des 10 plus grandes villes. La préservation des deux derniers kilomètres de la fragile ripisylve où vivent en harmonie une faune et une flore exceptionnelle à un jet de pierre du centre-ville représente l’un des enjeux d’avenir de l’aménagement de notre territoire urbain. A l’heure de la réintroduction d’espaces naturels dans les cités mégalopolisées, à l’heure des projets architecturaux favorisant la naturalité urbaine (courant dit de « wilderness »), plus proche de nous, l’heure de la « débétonisation » annoncée du Verdenson...ne détruisons pas la « dernière part du sauvage » de la ville pour, dans cinquante ans, étudier onéreusement sa réimplantation. Etre moderne, c’est aussi savoir reconnaître la préciosité d’un patrimoine et le préserver.
Aussi, ce tronçon du Lez ne saurait être un prétexte pour des déplacements doux ou voire d’argument de vente à du plancher béton. Ce tronçon-là est plus que cela : il s’agit d’une réserve en plein cœur de la ville ! C’est l’âme primale de Montpellier, un lieu d’apaisement qui suscite l’imaginaire et que l’on se doit de respecter car c’est notre patrimoine. La Seine, le Rhône, la Loire ou encore la Garonne parcourent prestigieusement les rives des grandes villes françaises, mais bordées de quais qui les contiennent, qui les enferment à un rôle unique. Le Lez, fleuve modeste, assure notre ressource en eau (7ème exsurgence de type vauclusienne de France) et nous offre en plus une liberté que l’on doit à la diversité unique de son trajet montpelliérain : culture, loisir, environnement, habitat,...
Montpellier, ville innovante se doit d’être à la pointe de cette idée en revendiquant cet espace « wilderness » pour protéger, en plein cœur de ville, cet espace naturel aux paysages humides remarquables et les transmettre tels quels aux générations futures comme l’ont fait nos anciens.
Par ces temps d’économie budgétaire voici une belle occasion de conserver un patrimoine sans que cela coûte à quiconque et de prouver qu’en ce domaine Montpellier ne manque pas d’imagination.
Association Conservons le Lez de Corot – Mai 2013
La petite descente Parlementaire
En aval de Lavalette, le jeudi 23 Mai 2013
Le Député Patrick Vignal à la manoeuvre
Point Presse sur la terrasse de la Réserve Rimbaud.
La Presse